Clairvoyance sociale et mesures auto-reportées de personnalité (DarkTriad)

Funded by :Pôle Grenoble Cognition
Funding :3000€
Period :2020-2020
Status :Finished
Coordinator :Annique Smeding (LIP/PC2S)
Collaborators :Jean-Charles Quinton, Benoît Dompnier (UniLaPS, Lausanne), Julien Bakchich



Description

Pour étudier les traits de personnalité humaine, la psychologie de la personnalité repose largement sur des mesures auto-reportées, telles que les échelles associées aux dimensions du Big Five (Ouverture, Conscienciosité, Extraversion, Altruisme, Névrotisme ; McCrae & John, 1992). La validité de ces mesures semble reposer sur la sincérité des répondants, et serait donc remise en question par le biais de désirabilité sociale (Chan, 2009 ; Paulhus & Vazire, 2007). Même si l’impact de ce biais est encore débattu dans la communauté scientifique, certains auteurs considèrent qu’il dépend de la situation (dont Dompnier, Darnon, & Butera, 2009, 2013 ; Smeding et al., 2015 ; Smeding, Dompnier, & Darnon, 2017). L’objectif psychométrique est donc d’estimer ce biais au niveau individuel et sa modération par la situation, par exemple via des paradigmes expérimentaux adaptés (e.g., consignes d’auto-présentation).

Il a été récemment proposé d’intégrer ces questions dans un nouveau cadre théorique, considérant ce biais comme l’expression (motivée par la situation) d’un construit psychologique plus général de clairvoyance sociale (Meier et al., soumis). L’idée est alors que ces biais reflètent la capacité des individus à anticiper les conséquences de leurs actions et de leurs réponses en fonction de leurs objectifs, du contexte, et de leurs interlocuteurs. Un moyen de tester le modèle théorique sous-jacent est de l’appliquer à d’autres construits que ceux associés au Big Five. C’est l’objectif du stage de Julien Bakchich, qui se focalise sur trois autres dimensions de personnalité populaires dans la littérature scientifique regroupées sous le nom de Dark Triad (Paulhus & Williams, 2002 ; Furnham, Richards, & Paulhus, 2013) : narcissisme, machiavélisme, psychopathie. Les échelles du Big Five reflètent des traits principalement positifs, qui devraient donc être biaisés positivement, même si de manière variable selon la situation (e.g., devant des collègues vs. évaluateurs). A l’inverse, les traits de la Dark Triad devraient être fortement biaisés négativement, vu que les traits associés peuvent facilement entraîner le rejet de l’individu par son environnement social. Ces biais devraient néanmoins dépendre de la clairvoyance des individus à anticiper les conséquences de leurs réponses.

En plus des développements théoriques et empiriques en psychologie réalisés conjointement par Benoît Dompnier (Université de Lausanne) et Annique Smeding depuis 2011 (Smeding et al., 2015 ; Smeding, Dompnier, & Darnon, 2017 ; Meier et al., soumis), des travaux computationnels ont été engagés depuis 2013 avec Jean-Charles Quinton (Smeding, Dompnier, & Quinton, 2017, 2018) pour étendre et relativiser les résultats initiaux de simulation de Paunonen & Lebel (2012), qui tendaient à minimiser l’impact de la désirabilité sociale mais sous des assomptions fortes (tant d’un point de vue humain que computationnel). La sélection des modèles computationnels valides du biais de désirabilité sociale passe par la comparaison de leur ajustement aux données humaines. Si des données dans diverses conditions pouvant affecter le biais ont été recueillies pour les dimensions du Big Five, le stage de Julien Bakchich est l’occasion de généraliser les résultats antérieurs et de tester l’ajustement des modèles sur les dimensions de la Dark Triad.